30.3.15

Boîte à secret. Les mises en boîte de Man Ray








Bachelard l'a écrit, il y a dans l'armoire "des rayons de lune que l'on peut déplier", "il y aura toujours plus de choses dans un coffret ouvert que dans un coffret fermé". Quand cette boite d'allumettes est fermée on voit écrit sur le devant de son tiroir, CLEFS, en lettres majuscules. Vers la fin de sa vie, Man Ray avait pris pour habitude de ranger de menus objets dans des boîtes d'allumettes qu'il recouvrait de portraits photographiques de ses amis, ici les yeux de Miró. A l'intérieur, des clefs miniatures dont on ne sait ce qu'elles pouvaient bien ouvrir.  
C'est un des objets photographiques exposés dans la nouvelle Galerie de photographies de Beaubourg inaugurée en novembre dernier avec une première exposition consacrée à Jacques-André Boiffard.
Avec cette exposition thématiqueClément Chéroux et Karolina Ziebinska-Lewandowska les deux curateurs tentent de nous interroger sur le fait photographique. Pour ce faire ils ont sorti des réserves du musée qui comptent plus de 50000 négatifs et 40000 tirages une cinquantaine d'oeuvres d'artistes aussi divers que Brassaï, Ugo Mulas ou Jeff Wall autour de problématiques aussi variées que le désir de voir, la matière, l''alchimie, la distance ou la praxis. Ils ont rebaptisé cette oeuvre de Man Ray Des clés pour comprendre. Ils voient dans cette boîte à clés une métaphore du geste photographique. 


Un des grands bonheurs de ce lieu est qu'il est en accès libre. Pas de caisse, pas de queue, pas de statistiques. Vous entrez, vous sortez, vous revenez quand vous voulez. Assez confidentiel et secret pour un plaisir à garder juste pour soi.  




Qu'est-ce que la photographie ?

Galerie des photographies 
Centre Pompidou Paris
4 mars 2015 - 1er juin 2015


Et pour la pause, la délectation d'un vrai bon café de barista pas si facile à trouver dans le centre de Paris, le nouveau lieu de Youssef ouvert en février dernier.  




Fragments
76 rue des Tournelles 
75003 Paris 



Et pour continuer et être tout à fait frivole, j'espère qu'on me pardonnera, ce premier printemps est juste enivrant, juste en face la délicieuse boutique vintage Odetta. Tant pis, j'assume.





Odetta
Vintage mode et mobilier
76 rue des Tournelles
75003 Paris








Qui dira la libéralité du et qui ajoute sans retirer, qui additionne sans soustraire qui accumule et rassemble, qui réconcilie les contraires sous le soleil de midi sans le partage d'une ombre. 

19.3.15

Petites Bêtes. Cycling up with La Philie

























Philie ou phobie ? 




La Philie a pris son nom de la famille des insectes phasmes de l'ancien grec φάσμα, phasma qui signifie apparition ou fantôme. Ces insectes doivent leur survie à une stratégie de camouflage qui les font se fondre dans la nature. Insecte feuille, ou insecte bâton ils sont presque impossibles à déceler comme il est quasiment impossible de déceler le vrai du faux dans ce trompe l'oeil plus vrai que nature. Les fourmis en colonnes serrées montent à l'assaut d'une vaisselle en porcelaine mise au rebut, qu'on trouve au kilo dans de nombreuses boutiques solidaires en Allemagne. Evelyn Bracklow aime leur redonner vie en célébrant le mariage de la tradition du trompe l'oeil et des vanités. Tout n'est qu'illusion et tromperie des sens. Le temps d'un instant, si fugitif, que saisit-on du réel?
J'ai découvert et aimé le travail de cette jeune artiste de Dortmund à la semaine du design de Cologne, Passagen qui se tient tous les ans en janvier. Chaque pièce est unique et peinte à la main par l'artiste pour qui les fourmis symbolisent toutes les histoires passées de cette vaisselle abandonnée à laquelle elle offre une nouvelle chance dans sa boutique en ligne sur Etsy








L'arrivée de la première coccinelle sur le rebord de ma fenêtre à Cologne la semaine dernière m'a tant ravie le coeur qu'avec elle sont revenus les souvenirs si simples et si beaux de la vie endormie qui se réveille au printemps. 






Photographies © Evelyn Bracklaw

6.3.15

L'immensité intime. La voyelle A


Habitants délicats des forêts de nous-mêmes

Jules Supervielle








MANTRA




La voyelle a est la voyelle de l'immensité. (...) Dans le mot vaste, la voyelle a conserve toutes ses vertus de vocalité agrandissante. Considéré vocalement le mot vaste, n'est plus simplement dimensionnel. Il reçoit comme une douce matière, les puissances balsamiques du calme illimité. Avec lui, l'illimité entre dans notre poitrine. Par lui, nous respirons cosmiquement, loin des angoisses humaines. (...) Parfois le son d'un vocable, la force d'une lettre ouvre ou fixe la pensée profonde du mot. (...) Mais quelle lenteur de méditation, il faudrait  savoir acquérir pour que nous vivions la poésie intérieure du mot, l'immensité intérieure d'un mot. Tous les grands mots, tous les mots appelés à la grandeur par un poète sont des clefs d'univers, du double univers du Cosmos et des profondeurs de l'âme humaine.






Gaston Bachelard, L'Immensité intime in La Poétique de l'espace








Galerie Wilma Tolksdorf

Hanauer Landstrasse 136

 Frankfurt am Main









Photographie © Axel Hütte, Niederwald -01, 2009 Ditone Print 155 x 205 cm Galerie Wilma Tolksdorf, Francfort





1.3.15

Répéter la Forêt. Giuseppe Penone dans les bois



























VERDE DEL BOSCO



Capturer Le vert de la forêt.

Parcourir d'un geste le vert de la forêt.

Frotter le vert du bois. 

Superposer le vert de la forêt à la forêt.

Imaginer l'épaisseur du vert de la forêt.

Travailler avec la splendeur, la consistance du vert de la forêt.

Consumer le vert de la forêt contre la forêt.

Refaire la forêt avec les verts de la forêt.



















Giuseppe Penone, 1986. Scritti 1968-2008, Corraini Edizioni, 2009





Verde del Bosco (Vert du bois),1986. 264 x 583 cm 
© Adagp, Paris 2014